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¤ Lueurs étranges ¤
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10 septembre 2015

La fille avec son bouquin.

Parfois, je repense à cette fille rencontrée à l’occasion d’un covoiturage, il y a presque un an. J’avais rejoint le groupe à Caen, deux britanniques et une française. Il s’avéra que la française, qui bouquinait à l’arrière de la voiture, avait été scolarisée dans le même lycée que moi. Ma tête lui disait quelque chose. Moi, je ne me souvenais absolument pas d’elle. Ce passé commun nous donna évidemment matière à discussion. Elle commença à me raconter qu’elle avait choisi de tout quitter, d’aller vivre avec sa copine à la campagne. Elle m’expliqua qu’elles ne vivaient de rien, qu’elles cultivaient leurs propres légumes, faisaient du troc, qu’elle était heureuse comme ça. La vie est faite de ces petits bonheurs simples. Je n’oublierai jamais cette fille et son bouquin qui avait tout plaqué pour aller trouver son bonheur ailleurs.

Cet après-midi, je bouquinais sur « mon » balcon, au soleil, j’étais bien, je bronzais, j’avais chaud, oui j’étais bien. J’avais l’illusion d’être en plein été, d’avoir ce bout de vacances d’été, qui me manquent tant depuis trois ans. Mais si officiellement je suis en vacances, je me sais chômeuse prochainement, alors tout en lisant mon bouquin la culpabilité pointait. Le souvenir de cette fille s’est imposé à moi.

« Après tout, nous, on sera jamais vraiment dans la merde. On le sait ».

Actuellement, ma seule préoccupation est de répondre à mes besoins primaires, aller faire les courses (ah, aller faire les courses à deux, quelle drôle d’initiative et quelle organisation lorsqu’on les a toujours fait seul !), étendre les machines, aller prendre l’apéro chez les grands-parents de l’homme, trouver quelle tenue je vais porter pour notre week-end breton, trouver où je vais partir en vacances la semaine d'après, m'intéresser vaguement aux offres d'emploi qui sortent et répondre à certaines. Je revis.

J’attends l’homme tous les soirs. Quand je prends la route, l’homme s’inquiète de savoir si je suis arrivée à destination. Je n’étais tellement plus habituée à ce qu’on s’inquiète de mes allées et venues.

L’homme me fait une place dans sa vie, au sens propre comme au figuré, et j’aime prendre mes quartiers, sans tout chambouler non plus. L’homme fait tout pour que chez lui soit désormais chez nous.

Plus les jours passent, plus je crois que l’homme m’aime.

Et voilà que je me prends pour Brigitte Giraud..

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