J'étais dans l'attente. Toute la journée. Le pire
J'étais dans l'attente. Toute la journée. Le pire était passé, mais pour me changer les idées je n'avais rien trouvé de mieux que de me rendre à ces obsèques. Penser à autre chose en ayant l'idée d'aller soutenir une famille désemparée, je ne sais pas où j'avais la tête. Je savais juste que je devais y aller, quelles que soient mes motivations internes. Les textes lus m'ont plu. Je n'étais pas hypocrite. Leur détresse me touchait et me touchait d'autant plus qu'elle me rappelait la mienne il n'y a pas si longtemps. Je ne l'avais pas soupçonné, mais voir ces gens venus pour moi alors que je ne les attendais pas m'avait vraiment chamboulée. J'ai voulu rendre la pareille à ces mêmes gens qui pleuraient mardi. J'ai fait semblant de ne pas voir ma mère essuyer ses larmes tout comme elle avait fait semblant de ne pas voir mes yeux se remplir le matin même. Je n'ai jamais vraiment compris cette pudeur entre nous. Quand C. m'a embrassée et prise dans ses bras, j'étais émue oui. Ainsi va la vie. Il faisait beau ce jour-là, et ce qui m'angoissait depuis les aurores s'est finalement bien terminé. Mes soucis étaient infimes face à leur douleur, mais j'arrivais à l'aboutissement de ce qui m'avait empêchée de dormir ces dernières semaines. J'ai toujours détesté les présentations de condoléances, pensant que compatir était juste hypocrite. Je ne les aime toujours pas. Mais je sais que ceux qui viennent étaient, sont les personnes sincères. La présence est toujours plus forte que tous les mots échangés, par politesse ou par gêne.