Même au début, j’ai toujours éprouvé un profond
Même au début, j’ai toujours éprouvé un profond respect pour leur histoire. Leur histoire qui n’en fut pas une. Dont je ne connais que des bribes, que je ne peux pas totalement saisir. Chaque détail m’a toujours émue. Et j’ai partagé une peine sans même connaître la personne à qui elle était destinée. C’est une histoire tragique, une de celles que l’on entend régulièrement aux informations. Une de celles qui ne touchent personne de près. Je me suis pourtant toujours sentie impliquée d’une manière ou d’une autre. En veillant toujours à ne pas prendre une place qui ne m’appartenait pas. Et je me suis toujours sentie un peu coupable d’occuper cet espace. J’aurais voulu une approbation, un signe favorable à mon arrivée soudaine. Je n’ai jamais rien trouvé de tel. J’ai juste rêvé. Et j’ai rêvé il y a trois nuits encore qu’il était à mon tour de choisir. Si j’approuvais ma place sans envier une autre, alors cette autre place m’approuverait d’elle-même. J’ai compris, j’ai compris qu’il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas revenir, j’ai compris que ma gêne était inutile. Pourtant, j’y repense souvent. Et la gêne persiste légèrement. La fille à la joue mutilée me manque à moi aussi. J’ai parfois prié intérieurement pour qu’elle croie à ma bonne foi. Je voudrais qu’elle m’ait entendue. J’aurais voulu qu’elle m’entende et qu’elle puisse voir à travers mes yeux le dernier Tim Burton. Faute de moyens, je glisse ici une musique tirée des Noces Funèbres. J’éprouve maintenant des difficultés à écouter cette musique, car tout au long je pense à son histoire. Cependant, cette musique m’amène à croire que malgré le chagrin, les jolies choses persistent. La vie a continué sans la fille à la joue mutilée.